La roue tourne...

Cette photo est peut-être un détail pour vous, mais pour moi elle veut dire beaucoup.

Lorsque j’étais petite fille, j’étais terrorisée de jouer du piano devant un public. Cela s’est aggravé à l’adolescence. Les concerts, auditions et examens me mettaient dans un tel état de stress, que je pouvais en être littéralement malade et mettre plusieurs jours à m’en remettre. J’avais presque cette impression que je pouvais mourir de stress tellement il me submergeait !

Naturellement, les mains tremblantes, moites et le cœur battant, mes prestations étaient entachées de fausses notes et trous de mémoire qui me confortaient dans l’idée, que décidément, le piano, ce n’était pas pour moi.

Cette terreur me contrôlait, je n’avais aucune conscience d’où elle venait ni de comment la gérer. Je me pensais trop… trop timide, trop sensible… ou pas assez… pas assez confiante, pas assez douée…

Pourtant la musique a toujours été ma bouée d’oxygène, mon équilibre, l’endroit où je pouvais laisser s’exprimer ma grande sensibilité, évacuer mes émotions, créer, toucher quelques vérités existentielles… Mais seule dans une pièce où j’étais sûre qu’on ne ferait pas vraiment attention à moi.

Jeune adulte, j’ai quand même entamé des études professionnelles que j’ai vite arrêtées, devant tant de manque de confiance en moi. Pourtant je travaillais beaucoup et j’ai pu progressé durant ces quelques mois comme jamais auparavant.

Puis, retournant à une vie plus « dans les clous », j’ai arrêté de jouer pendant des années. Parce que je me suis mise de côté. Parce que j’ai laissé une relation de couple décider de ce que je devais être. Parce que je n’entendais plus les hurlements de mon cœur qui me criaient que j’étais en train de m’éloigner de ce qui faisait MA personne.

Des années plus tard, je me suis promis, que plus jamais je ne laisserai cette partie de moi de côté. Cette promesse je l’ai gravée dans ma peau par un tatouage ô combien symbolique.

Cependant, il m’a encore fallu du temps pour refaire vivre mon piano, me pardonner et oser réveiller cette partie de moi qui avait été tant blessée.

J’ai appris quelques morceaux simples pour commencer puis j’ai commencé à les jouer devant un public familial, amical… Mais toujours avec beaucoup de stress et d’appréhension.

Depuis quelques années, je réouvre mes anciennes partitions, j’apprends de nouveaux morceaux et je me laisse parfois simplement aller à de l’improvisation. Et depuis quelques temps, je travaille des morceaux d’un niveau technique plus avancé et je progresse chaque mois un peu plus.

Au niveau psychologique et émotionnel, j’ai fait quelques séances d’EMDR au sujet de cette peur viscérale et j’ai compris quelques mécanismes intérieurs qui me poussaient à croire que je devais être parfaite pour être aimée, que le jugement des autres me définissait... C’était les croyances de mon enfance… La moindre erreur pouvait être pour moi dramatique (inconsciemment) et je travaille encore à ce jour à accepter mes erreurs et imperfections, à m’aimer peu importe le regard des autres et à ne pas me comparer aux autres.

Cette photo est donc très symbolique, comme un petit miracle…

Le chemin est loin d’être fini mais je n’aurai pas pu imaginer pouvoir jouer dans la rue comme ici il y a encore quelques années !

C’est donc très touchée que je vous partage mon histoire, pour pouvoir vous dire, que TOUT est possible, TOUT est guérissable, et que nous avons le droit de nous laisser du temps pour évoluer à NOTRE RYTHME, indépendamment des autres.

Merci à toutes les personnes fantastiques qui m’ont soutenu et me soutiennent sur ce parcours.

Et merci à moi-même de m’autoriser à avancer sur ce chemin de guérison et de libération.

Soyons libres d’être imparfaits,

Laura

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